12. Encourager, complimenter les enfants

 

   Encourager, complimenter les enfants en se basant sur des qualités variables : travail, effort, stratégie… plutôt que sur des qualités fixes : talent, don...

   Une incursion dans la "Psychologie positive" selon Carol S. Dweck, Osez réussir ! Mardaga éditions 2017 (2 millions d'exemplaires vendus). Le conte suivant est inspiré par un conte qui figure dans ce livre. Il est très important, vous pouvez le retenir sous le nom de conte de Carol Dweck.

Un conte pour parents : complimenter, encourager ça n’est pas si simple !

   Un jour, Paul revient de l’école avec une moisson de bonnes notes. Sa maman chavire de bonheur : « Mon fils, tu es très intelligent, tu es surdoué, tes compétences intellectuelles sont supérieures à celles des autres enfants… »

   Aïe, aïe, aïe, savez-vous que cette gentille maman fait du mal à son enfant ? Elle est en train de le ranger dans l’état d’esprit fixe : c’est la croyance que les qualités humaines sont gravées dans la pierre, vous naissez intelligent ou vous ne l’êtes pas, ça persistera toujours. L’échec prouve que vous ne l’êtes pas.

   Un enfant doté d’une telle croyance aura un besoin impérieux de faire ses preuves, encore et toujours. Son but dans la vie sera d’avoir l’air intelligent, surtout pas bête. Son être tout entier sera mis en jeu chaque fois qu’il subira un test. Dans toute situation nouvelle, il lui faudra prouver qu’il est intelligent. Ce seront toujours des alternatives « succès-échec, accepté-rejeté, gagnant-perdant… »

   Des mauvais jours viendront, c’est sûr ! Des contrariétés s’accumuleront. Par exemple, Paul vient d’avoir un 12 sur 20 dans une matière qu’il aime bien. Au préalable, comme il était arrivé en retard, il venait d’écoper d’une punition. Et puis, un comble, il s’est confié à son meilleur ami qui n’a rien compris à son désarroi, il lui a dit qu’il en faisait trop, que ça situation était banale ! Avec toutes ces contrariétés, Paul est totalement perdu. Tout cela ne pouvait pas lui arriver, lui qui est si intelligent ! Il faut en tirer des conséquences : peut-être est-il bête ? Dans sa tête, ça tourne mal : je suis nul, je ne suis pas doué, je suis rejeté par tous. Quelqu’un là-haut ne m’aime pas. J’en ai marre d’échouer, je laisse tomber. En attendant, je vais crier, hurler pour montrer que je ne suis pas content.

   Paul s’en remettra, mais il sera marqué de plus en plus par les échecs. Il ne saura pas comment réagir. La déprime n’est plus très loin.

L’envers du conte

   Un jour, Julia revient de l’école avec une moisson de bonnes notes. Sa maman lui sourit : « Ma fille, j’ai bien remarqué que tu travailles beaucoup, que tu poses énormément de questions à tes parents, à tes copines, à tes amis. Je sens que tu t’accroches. Tout cela finit par payer, tu deviens de plus en plus forte. Je suis tellement heureuse de voir que tu fais des progrès… »

   Waouh, Waouh, Waouh, savez-vous que cette gentille maman fait beaucoup de bien à son enfant ? Elle est en train de la ranger dans l’état d’esprit de développement : c’est la croyance que les qualités humaines ne sont pas gravées dans la pierre, on nait toujours avec un peu d’intelligence, les neurones sont en place, mais ensuite il faut les exciter. On se développe avec du travail, de la volonté, de l’opiniâtreté. Nous l’avons déjà dit, l’échec n’est pas grave, il est naturel, il procède de la formation, il aide à s’améliorer.

   Un enfant doté d’une telle croyance n’aura pas un besoin impérieux de faire ses preuves, encore et toujours. Il « sait » qu’il va progresser grâce à son travail, à sa volonté. Il ne va pas entrer en dépression après le moindre échec. Devant une nouvelle situation, il va s’accrocher jusqu’à ce qu’il trouve une issue satisfaisante. C’est un peu la démarche du chercheur qui s’accroche, qui tourne autour du pot et qui finit par dire : « je crois que j’ai avancé, quel bonheur d’en être arrivé là. »

   Quand des mauvais jours viendront, Julia va réagir naturellement. Par exemple, elle vient d’avoir un 12 sur 20 dans une matière qu’elle aime bien. Au préalable, comme elle était arrivée en retard, elle venait d’écoper d’une punition. Et puis, un comble, elle s’est confiée à sa meilleure amie qui n’a rien compris à son désarroi, elle lui a dit qu’elle en faisait trop, que ça situation était banale ! Malgré toutes ces contrariétés, Julia reste optimiste. Elle a encore un trimestre devant elle, avec un peu plus de travail, elle pourra remonter sa moyenne. Et puis, elle devra faire un effort pour arriver à l’heure à l’école. Facile, bien d’autres font cet effort. Mais surtout, elle va appeler son amie pour savoir si l’autre jour elle venait d’avoir une contrariété, d’habitude elle est si positive !

   La vie continue, tous les jours elle apprend, en particulier, en analysant ses échecs, elle a l’impression qu’elle s’enrichit.

Un aperçu de psychologie positive

   Le débat de l’inné et de l’acquis, la question de savoir si les qualités humaines peuvent être cultivées ou si elles sont gravées dans la pierre, voilà une vieille question !

   Pour certains, comme la maman de Paul, une croyance est enracinée dans son cerveau : on naît intelligent ou pas. On ne le devient pas ! Les spécialistes de la psychologie positive appellent cette croyance « L’état d’esprit fixe ».

   Pour d’autres, comme la maman de Julia, les qualités humaines, telles que les compétences intellectuelles peuvent être cultivées par l’effort. Insistons encore une fois sur le rôle des efforts. Un enfant peut devenir de plus en plus intelligent, son intelligence n’est pas figée. Il n’est pas découragé par l’échec, il apprend ! Chacun peut changer par le travail et l’expérience. Les spécialistes de la psychologie positive appellent cette croyance « L’état d’esprit de développement ». Pour eux, nous devons complimenter efficacement, non pas sur l’intelligence ou sur le talent, mais sur l’effort, sur le processus, sur la concentration, sur la persévérance, sur l’amélioration. Selon les psychologues, complimenter en ce sens “crée des enfants robustes et résilients”, des enfants qui triomphent de divers traumatismes.

   Nous retiendrons que chez les enfants notamment, la manière dont nous les complimentons a un rôle crucial sur l’évolution de leur état d’esprit.

« L’état d’esprit de développement est basé sur la croyance que vos qualités fondamentales sont des choses que vous pouvez cultiver par vos efforts. Bien que les gens puissent être différents de beaucoup de façons – de par leurs talents et aptitudes initiales, leurs intérêts, ou leur tempérament -, chacun peut changer et se développer par le travail et l’expérience. » – Carol Dweck

Une croyance autodestructrice

   Cinquante pour cent des enfants pensent que nous naissons intelligents ou pasC’est faux : à la naissance, comme le montre Stanislas Dehaene dans son livre « Apprendre ! », le « câblage » est présent, plus il sera stimulé, plus il se développera. C’est une question de réseaux neuronaux, ils sont bien placés à la naissance.

   Conséquences de cette croyance : pour beaucoup de ces enfants, il est inutile de faire des efforts, ils n’y arriveront pas… puisque nés non-intelligents et que nous n’y pouvons rien, ils sont dans l’état d’esprit fixe ! Il n’y a rien à faire !

   D’où l’importance d’un bon départ dans la vie : quand les neurosciences rencontrent l’éducation selon Eric Gaspar (https://www.youtube.com/watch?v=TTTb7K5lrQw)